samedi 25 mars 2017

L'élève Seignobos - Collégien dans l'après-guerre - Robert Jail

Editions Plumes d'Ardèche - Avril 2015 - 277 pages (20,00 €)
Suite de Tibé, le Roi des airelles (La Fontaine de Siloé, 2006)
Résumé Babelio

Si j'ai tant aimé ce livre, c'est bien sûr tout d'abord pare qu'il parle de lieux que je connais, d'une époque à peine révolue pour moi. Mais pas uniquement.
Précisons que je l'ai emprunté sur un malentendu.

Je vois le titre, en expo dans la bibliothèque. Je suppose qu'il s'agit d'une biographie de celui qui a donné son nom au collège du lieu, collège de mes enfants, et bientôt de mes petits-enfants.
Surprise car on trouve rarement des renseignements sur lui.
Pour une fois, je jette un coup d'oeil rapide à la 4e de couv'. Aucune mention du principal du collège, mais sait-on jamais. Difficile d'en être sûr.
Je vois par contre qu'un autre tome a précédé celui-ci, je cherche sur la base de données, apparemment il n'a pas été acheté ici. Je commencerai donc directement par celui-ci.
Et là, gros coup de coeur.



Une histoire toute simple, celle d'un jeune garçon, fils d’instituteurs, qui, à 12 ans, entre en 6e à "la ville" Valence, ne remontant dans sa petite ville ardéchoise que les week-ends et le jeudi après-midi (à pieds + tram + vélo !).
On est en  1947, à peine une douzaine d'années avant que je n'intègre moi-même la 6e, et par rapport à ce que vivent mes petits-enfants, c'est vraiment un tout autre monde.
Au point que  je leur ai lu à haute voix quelques chapitres du début, pour leur faire connaître la vie d'alors. Et j'ai dû leur expliquer beaucoup de choses qui leur paraissaient incompréhensibles ou bizarres !
Amusant de voir aussi les différences sensibles entre les enfants de la ville, et ceux qui la découvraient, en descendant de leurs villages.
Mais au-delà d'un livre de souvenirs, et du terroir, l'écriture est extrêmement agréable à lire, avec un style à la fois léger et soutenu. Et de nombreuses références aux cours, notamment de français, qui l'ont marqué, avec les textes importants qu'il a découverts en ces années de 6e et 5e.

Difficile de savoir la part de souvenirs réels, puisque le livre se présente comme un roman, mais le narrateur porte bien le nom de l’auteur.
Mais peu importe, humour, tendresse, et plaisir de remonter le temps, c'est un livre que j'ai vraiment apprécié.
Un court lexique d'une trentaine de mots locaux termine l'ouvrage (avec renvois dans le texte)
Après 40 ans vécus aux portes de l'Ardèche, il m'en manquait encore quelques-uns, inconnus de moi !

Un seul regret : qu'il ne soit apparemment déjà plus édité, je l’aurais volontiers acheté pour le garder, et pour l'offrir.

Extraits :

p 28
Par contre, Emma était soulagée d'avoir arraché Rachel à cette campagne où il n'y avait pas de darbystes et peu de protestants. Elle savait qu'elle plaisait aux garçons et elle redoutait qu'elle s'amourache d'un catholique ou même qu'elle se trouve contrainte d'épouser l'un d'eux.

p 182
C'est bien ce que je craignais, dit-il, ils ont enlevé au texte rabelaisien tout ce qui en fait la saveur. Ils ont remplacé la langue colorée du seizième siècle par la fadeur et la pudibonderie du français moderne. Vous savez ce qu'il advient des contes du Blagaïre quand on veut les traduire en français ? Ils perdent tout leur sel.

p 217
- Pour ce jeune homme, a-t-il précisé en me désignant, ce sera aussi un blanc, mais un blanc très limé, si vous me suivez, c'est à dire, deux doigts de blanc et le reste de limonade.
[...]
J'avais hâte de manger pour faire glisser es trois fois deux doigts de vin blanc qui me faisaient tourner la tête.
[Le jeune homme qui boit tout ça est le narrateur, 12 ans. Ceux qui le servent sont les gendarmes, dans leur mess...]






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