vendredi 1 septembre 2017

Un roman d'aventures (ou presque !) - Yaël Hassan


Extraordinaire ! J'ai été totalement scotchée !!
Chapeau Mme Hassan.
J'ai lu près de quarante romans de cette autrice, seule ou en duo, avec toujours autant de plaisir, je ne pourrais citer que des coups de coeur, du Grand-père tombé du ciel aux Demoiselles des Hauts-vents, des Momo à Perdus de vue, je voudrais les nommer tous.
Je partais donc avec un a priori favorable, ce qui est toujours délicat, gros risques d'être déçue.
Et bien, là, non seulement je n'ai pas été déçue, mais la surprise a été totale, un livre à la fois extrêmement original, et un régal de lecture.



J'ai eu la chance de recevoir ce livre bien avant sa parution, (merci aux Editions Syros, merci Nancy) et je n'avais donc aucune idée du sujet.
C'est d'une inventivité folle. Je ne sais si on peut parler ici de mise en abyme, il me semble que c'en est une forme très particulière : un auteur, ou du moins un père de famille qui voudrait se reconvertir en auteur, s'isole dans sa maison de campagne pour parvenir à écrire, mais aussi pour résoudre un problème de sa vie quotidienne
On va suivre parallèlement ses aventures, et celles des héros auxquels il tente de donner vie, très différentes, mais finiront-elles par se rejoindre ?
Et en troisième niveau, cet auteur donne des conseils, fort pertinents et passionnants quoique souvent drôles, aux écrivains en herbe qui souhaiteraient se lancer.
Avec en tête de chapitres des citations d'auteurs célèbres, toutes sur l'art d'écrire, et qu'on aurait envie de toutes citer tant elles sont amusantes, pertinentes, cohérentes ...

Je ne veux pas trop en dévoiler, puisque vous avez probablement la chance de ne pas encore l'avoir lu, mais je sais qu'il va plaire à tous ! Roman d'aventure (ou presque !) mais sans dépaysement !, roman écologique aussi, roman inattendu même pour les adultes, et sujet fort intéressant pour ceux qui veulent se lancer dans l'écriture.

J'ai tout aimé :
Par exemple la réhabilitation du point-virgule. (Perso, j'adore user du point-virgule, alors ...)
Les expressions parfois un peu vieillottes, expliquées, ou non.  "..avec lequel, depuis, il était comme cul et chemise". (Pour ceux qui ne la connaissent pas encore, cette locution, des plus imagée, exprime simplement l'extrême proximité ou l’inséparabilité de personnes aussi liées que peuvent l'être le corps et son vêtement.)
La provenance et le double sens de "faire long feu".
La très jolie réflexion sur le travail d'écriture, par ce béotien qu'est le narrateur.
Rien que la lecture des annexes de la fin vaut le détour tant c'est à la fois drôle et hélas probablement rappelant bien des souvenirs aux auteurs tentant de se faire éditer.

Je vais le prêter à mes petites-filles, puis je pense que je le relirais pour en profiter encore un peu, et le déguster, après ma première lecture plus rapide car j'étais bien entendu curieuse de découvrir la suite des aventures de chacun, et du double Simon !

Une autre approche par Ramettes


Extraits :

p. 52
(L'occasion est trop belle, puisqu'il nous y invite, de nous arrêter un bref instant sur l'usage du point-virgule ; de rendre hommage à ce mal-aimé de la ponctuation, son parent pauvre, ce vilain petit canard, signe désuet, en voie de disparition, qui confère pourtant à la phrase une subtilité indéniable. Tel un rempart fragile, le point-virgule s'interpose en douceur, en finesse, tout en promesse. Décrété désuet, s'il figure encore sur les claviers tactiles de nos smartphones, ce n'est plus qu'en guise de clin d'oeil ;-), réduit au sinistre état de smiley, ;-) :-) 

p. 124
- Ah oui ! Excusez-moi. C'est la première fois que ça m'arrive, ce truc. Alors, je ne suis pas encore habituée.
- Quel truc ? s'étonna Simon.
- Eh bien, d'avoir dix ans :Vous croyez que c'et facile ? Pendant un an, je me suis habituée à dire neuf et ...
Elle était au bord des larmes...
-... Et, du jour au lendemain, on nous dit qu'on en a dix, qu'on n'aura plus jamais neuf ans, Nino et moi, alors que déjà j'avais mis tellement de temps à oublier que je n'en avais plus huit !

p. 156
- Mais on dirait qu'il n'y a plus d'immeubles ! s'écria Hildegarde en scrutant les environs. C'est comme si on était ... Comment ça s'appelle déjà, un endroit sans immeubles ?
- Un désert ? suggéra Nino.
- La planète Mars ? renchérit Nina.
- La campagne ? fit Simon.
- Ouais, c'est ça, c'est comme si on était à la campagne !

p. 169
Avant, quand j'étais écolier, je croyais qu'il me suffirait de sucer le bout de mon crayon pour trouver des idées... mais quelque chose me dit que lécher mon clavier ne me serait d'aucune utilité.



Syros 7/09/2017 NOUVEAUTÉ
Collection Grand format - 239 pages




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